Saleté de journée

Argh ! C’est dégoûtant… C’est vraiment infecte. Mais le ciel m’en veut ou quoi ? En plein dans la tronche en plus.

Je ne vais pas me fâcher avec la Nature, même si en soi, cela demande beaucoup d’énergie.

Argh ! Encore une mine… sur le bout du nez. Ce n’est pas grave. Je vais sagement m’essuyer le visage.

Le temps galope, en selle sur le chemin du retour… Vingt-deux minutes s’écoulent et je reste posé là à rêvasser…

Qu’est ce que… ? Encore une autre ! Je vais tâcher de rester encore zen, cette fois-ci…

Bon, j’en étais où avec toutes ces mines qui me tombent dessus comme pour raser une ville en pleine guerre… Ah oui, une fois n’est pas coutume, je flirte l’instant présent pour essayer de me réconcilier avec Dame Nature et ses milliers d’habitants qui sculptent de leurs cris la forêt.

Ah, mais ce n’est pas vrai ! Décidément, je commence bien la journée. Alors là, je ne peux plus rester zen. Cela commence vraiment à me chauffer le poil. Cela a l’aspect de fientes blanchâtres. Ce ne peut être qu’un oiseau de mauvaise augure.

Oh, mais que vois-je ? Un signe ? Une révélation ? Je crois bien avoir repéré le responsable de ce coup de grâce. Attends un peu que je m’occupe expressément de ton cas minable petite morveuse. Ouais, c’est à toi que je cause là-haut… Si je te chope, je te fris au petit feu à bois. Toi, qui lit sur mon visage griffonné comme de l’argile, ne crois pas t’en sortir à si bon compte. Tu crois que je rigole : « Regarde bien ma tranche ! »

C’est vraiment dégueulasse… toute cette merde que j’ai sur moi ! Ne fais pas semblant d’être sourde… Je te vois sale bestiole… En plus, tu te fous de ma gueule… « Rira bien rira le dernier ! » Ça, tu peux toujours l’imprimer dans ta petite cervelle. Non, tu ne crois pas si bien t’en sortir. Je te vois. Oh, que oui… ne fait pas ta maligne ! Ouais, ne me regarde pas comme cela ! Tu sais très bien que c’est de toi que je parle.

Argh ! Tu m’as encore chié dessus. Espèce de saleté… Tu vas voir de quel poil je me chauffe. Je ne vais pas me laisser faire par une petite bestiole, pas plus gros que mon poing. Oh, que oui, je vais faire un peu de ménage là-haut : « Ça ouais, c’est moi, qui te le dis ! Prépare toi à une belle riposte de ma part ! »

Au fond de moi.

Si je l’attrape, je la mets à cuire au feu et tant mieux pour mon estomac qui crie famine depuis hier soir. Mon estomac hurle à la mort comme un loup à la chasse…

Je reviens à toi.

Ta rareté ne te donne pas le droit de me prendre pour ta cuvette de WC. Tu t’assis sur ma miséricorde, pauvre conne ! Tu te protèges derrière des lois dont je n’en ai rien à foutre. Tu as compris. Tu ne me chieras plus dessus pour longtemps, je t’en fais la promesse. Oh que oui !

Au fond de moi

Il me vient à l’esprit ses règles idiotes sur la préservation de l’environnement et de ses habitants. Un peu comme un dur refrain que j’ai du mal à mâcher : « Nul humain ne doit se soumettre à ses pulsions dévastatrices pour le bien de l’écosystème. Toute vie a le droit d’exister sur Terre… » C’est du bon baratin qu’on prêche dans les bonnes Institutions Écologistes. J’en ai rien à foutre : j’ai une bestiole qui m’a chié dessus à plusieurs reprises ! Point barre…

J’en ai une autre qui me fait bien sourire :« Nous devons sauvegarder le peu de richesses que la Terre ait conservées pour les générations futures… » Depuis quand l’Être Humain se soucie de son prochain… ? l’Humain vit l’instant présent. Il prend siennes toutes les richesses sans ménagement pour la génération suivante. On a le droit d’être égoïste !

Ah ! Celle-là n’est pas mal non plus : « N’oublions pas que nous ne sommes pas seuls sur Terre. » Encore un discours de ce Révérant, un doux rêveur dans ce monde qui de toute manière n’a plus lieu d’exister… Ah, je regrette le bon vieux temps où l’on pouvait faire régner sa loi sur les plus démunis. Aujourd’hui, le règne de l’Humain ne tient plus qu’à un bout de fil, à ces rares spécimens qui vous chient dessus. Hier nous mangions à notre faim. Aujourd’hui, nous sommes condamnés à manger les restes de nos caves, les réserves du Temps Ancien. Plus rien ne sera comme avant.

Nostalgie quand tu me tiens dans tes bras. Fini la malbouffe. Fini la toxicité des produits d’alimentation et d’hygiène ? Me voilà, aujourd’hui à me battre contre une bestiole née dans les déchets, la rare qui ait bien voulu montrer sa présence en ce lieu devenu si austère.

Peut-être est-elle aussi empoisonnée ? Tant pis, je me lance à sa poursuite.

Elle m’a chié dessus… C’est elle qui l’aura cherché. Et au diable ses longs discours sur le devoir de préserver la vie non comme nos ancêtres l’ont si bien fait. Ah, ça nos ancêtres, ils ne cherchaient pas de midi à quatorze heure. Ils savaient s’y faire… Ils se servaient de ce que la Terre leur offrait et même de force. Que voulez vous, c’était la loi du plus fort… La Terre n’avait qu’à être plus grande… et plus riche !

Les Humains sont des Empereurs ! Et, je vais pas tarder à régler son compte à cette mouette de malheur. Après tout, si je la canarde, ce ne sera pas une perte ! Au contraire…

Non, mais elle me cherche ou quoi ? Elle me snobe une fois de plus… Je vais me faire un malin plaisir de mastiquer ce sac de plastique volant

Hein quoi, oui, c’est moi ! Qu’est ce qui se passe, bordel ?

  • Chéri, le dîner est prêt !!

  • Qui me parle ?

  • Chéri, tu t’es encore endormi sur une bonne vieille émission. Le règne animal en plus… !

  • Comment cela ?

  • Tu me fais marcher, ça c’est sûr…

  • Non, je ne vois pas de quoi vous me parlez…

  • Chéri, ça ne me fait pas rire, du tout !

  • Qui êtes vous ? Et cet oiseau ? Où est-il ?

  • Quel oiseau ?

  • Ben, je ne suis pas fou ! Il m’a chié dessus…

  • Voyons, tu sais très bien que les oiseaux, ça n’existe plus !

  • Comment cela ? J’en ai vu un qui me snobait…

  • Chéri, as tu pris tes médicaments ?

  • Heu…heu…

  • Tu ne les a pas pris encore une fois ! Combien de fois le Révérend t’as dit de prendre tes petites pilules… C’est pour ton bien, tu sais ?

  • Balivernes… Que du venin dans mes veines !

  • Prends tes médicaments. Ensuite, je te ferais goûter mon nouveau plat pesticidé…

  • Non, je refuse de m’empiffrer de ces poisons ! Je veux une mouette.. Je la veux et je l’aurai !

  • Arrête tes sottises ! Tu sais très bien que nous n’avons pas le choix ! Il en va de notre survie.

  • Quelle survie ? Je ne veux plus m’empoisonner avec toute cette chimie. Je me meurs, ne le vois tu donc pas ? Je meurs à petits feux pauvre folle.

  • Tu veux que j’appelle le Révérend sur le champ ?

  • Ben fais-le ! Si tu crois que tu m’impressionnes vieille sorcière ?

  • Tu es devenu fou ! Je crois que je n’ai plus le choix… Tu me déçois beaucoup, tu sais ?

  • Je ne ressemble plus à un humain mais à une centrale biochimique ambulante…

Emorizo, alias F. Ménez, Mai 2016

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